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La galoche : des Bretons au Pays de galles

Juin 1987. Emmené par Guy Le Lay, un groupe d’une trentaine de personnes, composé de plomelinois et de bigoudens, tous férus de jeu de galoche, embarquent un matin pour un voyage original à Crymych, commune galloise jumelée avec Plomelin. Certains accomplissaient là leur plus grand voyage et beaucoup n’avaient jamais pris la mer.

C''hoarrii Galloch

Un film de Nicole Le Garrec et Pol Turner

Prétexte au tournage d’un film, le jeu de galoche allait occasionner un séjour pour le moins étonnant au cours duquel les participants compareront à travers la discussion, tournures et expressions communes aux langues galloise et bretonne.

Ce film n'a eu qu'une diffusion restreinte en Bretagne. Il concerne l'histoire du cinéma en Bretagne, dans la mesure où il s'agit de l'unique production réalisée dans un projet collaboration cinématographique "interceltique" qui n’a jamais connu de suite.
Ce regard porté vingt et un ans après sur les deux communautés, est l’occasion de revivre avec une certaine émotion, un moment de forte amitié qui a cimenté autant les comités de jumelages que de nombreuses familles.
Un document à valeur ethnologique qui témoigne d’un moment exceptionnel de vie locale.

L’interview de Nicole Le Garrec

Comment est né le film ?
Guy Le Lay nous a exposé son projet : partir à Crymych avec des bretonnants, si possible de Plomelin, mais également du Pays Bigouden. Ceux-ci se devaient être des joueurs de galoche, pour répondre au double objectif, celui de provoquer une rencontre entre bretonnants et galloisants et initier dans le même temps les gallois au sport traditionnel bigouden qu’est la galoche. Guy Le Lay pensait que cette idée méritait un film et il a réussi à nous convaincre.


Comment s’est déroulé le tournage ?
Ce tournage, qui s’est déroulé en juin 1987, était original en ce qui nous concerne car il s’agissait de la première co-production entre le Pays de Galles et la Bretagne. De plus, Pol Turner (1) et moi, étions en situation de co-réalisation. Quatre langues étaient donc en présence : Anglais, Gallois, Breton et Français. Toutes se croisaient entre les deux équipes et cela mettait une certaine ambiance !
Quelques anecdotes sur place ?
Il y en a une qui m’a bien amusée. Contrairement à la Bretagne où il n’y a pas vraiment de « galocheuses », les galloises ont voulu tenter leur chance avec des palets, mais les « chefs galocheurs » n’en voulaient pas car ils pensaient qu’elles ne seraient pas à la hauteur et leur feraient perdre le concours final.
Mon père avec ses 81 ans bien sonnés, les a chaleureusement accueilli. Bien lui en a pris car elles se sont avérées de bonnes élèves et, grâce à elles, son équipe a décroché le « maout ».


Une unique co-production interceltique ?
Ce film a été la première co-production entre le Pays de Galles et la Bretagne. Nous étions en situation de déséquilibre certain. Si SC4, la chaîne de télévision galloise apportait sa contribution en co-produisant le film, FR3 n’a pas voulu être partenaire du projet et n’a même pas diffusé le film sous prétexte qu’une partie était en gallois. Faute de pouvoir présenter ici par la télévision des sujets de ce genre, les co-production qui étaient appelés à se développer ont été abandonnés. Avec notre équipe bretonne, nous pensions davantage cinéma, tandis que les gallois, qui n’avaient aucune difficulté à collaborer avec les écossaiset les irlandais, étaient rompus aux sujets pour la télévision, tout simplement parce qu’ils disposaient chez eux de moyens efficaces de diffusion.


Quelle vie a eu ce film ?
Plusieurs diffusions du film ont eu lieu au Pays de Galles, mais en Bretagne, seule des projections ont eu lieu au niveau local à Quimper, Plomelin et Plonéour-Lanvern.
(1) Nominé en 1994 pour l’Oscar du meilleur film étranger avec Hedd Wyn, Ce film s'inspire de la vie d'Ellis Evans, poete rural gallois de l'ecole romantique qui vecut a Trawsfynydd, au nord du pays de Galles, au cours des années qui precederent la Premiere Guerre mondiale.